Les personnes que nous rencontrons en médiation sont confrontées à une période de grande difficulté, de blocage ou de conflit. Cette proposition de discussion, dans un telle configuration, peut paraitre surprenante et inadaptée. Pourtant, régler le désaccord par un échange constructif est souvent une attente inavouée par les personnes en conflit. Nous connaissons le pouvoir des mots.
En médiation, les mots apaisent, permettent l’expression des peines, des incompréhensions, de la colère, de la déception … En médiation, ils offrent aussi l’occasion d’avancer ensemble par le rétablissement du dialogue dans un cadre précis. Le conflit exacerbe les traits de caractère de chacun, certains s’enfonceront dans le silence et le mutisme, d’autres développeront un esprit stratège, d’autres encore, en colère, crieront.
Se pose alors la question de l’équilibre en médiation. Comment assurer l’équilibre de la parole, des pouvoirs, des compétences, du nombre ? Comment affronter l’autre qui aura une parfaite maitrise du volet financier ? Comment soutenir le regard de la personne que l’on craint, qui nous impressionne ou nous domine ?
En pratique, l’entretien individuel est l’occasion pour chacun de confier ses craintes et de travailler avec le médiateur au moyen d’organiser au mieux la rencontre et la discussion à venir. Au delà de l’inquiétude liée à la rencontre, se pose la question de la place de chacun en médiation. Il appartient alors au médiateur d’assurer cet équilibre, notamment en posant et tenant un cadre stricte garantissant le respect de la parole de chacun. Le respect sera au cœur de l’échange pour favoriser la compréhension par chacun du raisonnement de l’autre. Nous constatons que sans comprendre, nous ne pouvons avancer. Le médiateur veille donc à une parfaite écoute de la parole de l’autre tout au long de la discussion.
La médiation offre un lieu pour dire mais aussi pour comprendre. C’est pour cette raison qu’en mettant en place le processus de médiation, il sera nécessaire de revenir sur l’origine de la rupture de communication, point de départ, en principe, des incompréhensions. Chacun pourra apporter son éclairage mais aussi comprendre le point de vue de l’autre. Cet échange, soutenu par le médiateur, permettra l’ouverture à l’autre et à son point de vue. L’individualité de chacun est remis au centre. Il n’y a pas un point de vue qui prime sur l’autre, chacun a sa vision propre et légitime. Le médiateur est là en soutien de la parole de chacun afin qu’elle soit entendue et comprise de l’autre. Ainsi, la médiation permet d’équilibrer la parole et les forces. Le médiateur veille à une bonne distribution de la parole pour que chacun puisse s’exprimer et être entendu, pour que chaque point de vue puisse être pris en considération dans la recherche d’une solution finale. Le médiateur étant impartial et neutre, il n’aura pas à être convaincu pour trancher le différend. Tout jeu de pouvoir est inutile et vain. Le médiateur par ailleurs, par ses compétences humaines et psychologiques sera attentif à l’accueil ressenti par chacun et toujours vigilant aux questions de positionnement (d’emprise, sentiment d’infériorité, de supériorité,…).
L’accord trouvé en médiation ne pourra qu’être voulu par tous. Fruit d’un travail collaboratif, une telle issue viendra rétablir un déséquilibre ressenti lors des échanges infructueux préalables à la médiation. La solution devra être acceptable et satisfaisante pour chacun.
